L’horrible douceur des yeux de Steven Cohen
24 heures, 9 novembre 2022, par Boris Senff.
24 heures, 9 novembre 2022, par Boris Senff.
Un rituel théâtral
Le performeur est de retour en son «Boudoir». Critique.
Il y a une douceur terrible et une bienveillance presque effroyable dans les yeux du performeur sud-africain Steven Cohen. Des yeux luisant d’un bleu-gris immémorial dans lesquels il nous a été donné de plonger de façon prolongée, mardi soir à Vidy, lors de la première de «Boudoir».
D’une excentricité et d’une sincérité absolues, papillon baudelairien scintillant dans les pires pénombres, Steven Cohen peut se permettre de voleter avec légèreté au milieu des thématiques historiques les plus lourdes : la Shoah, la ségrégation raciale, les massacres d’animaux…
Cette nouvelle pièce se vit en deux volets. Le premier, cinématographique, met en scène le performeur d’albâtre, dans des contextes aussi différents qu’un entrepôt rempli d’animaux empaillés, que le camp de concentration de Struthof – en Alsace – ou le cimetière juif de Johannesburg où il rend visite à la tombe de sa mère. Dans ces environnements symboliquement très chargés, Steven Cohen promène sa silhouette de ballerine neutralisant les questions de genre, en créature douloureuse, absorbée par une pratique presque religieuse si elle n’appartenait justement qu’à lui. Même quand il affiche au milieu des tombes juives les mots de «MACHT», «ARBEIT» et «FREI», le performeur remue moins une dénonciation scandaleuse qu’une sorte de constat adouci par un fatalisme dont on ne sait d’où il lui vient…
Le second volet est celui du Boudoir à proprement parler. Un espace où les meubles et les bibelots Art déco côtoient une girafe empaillée ou un réveille-matin à l’effigie d’Adolf Hitler. Dans ce lieu intime, l’artiste fait son irruption, déambulant comme une apparition au milieu du public médusé qui prend peu à peu conscience de sa réalité étrange, de son regard profond mais sans sévérité. Le performeur, juché sur d’invraisemblables globes terrestres, ne se dépare pas d’une gentillesse diabolique et d’une gravité suave dans sa démarche mal assurée.
« En quête d’un langage brutal, gauche et élégant » (Steven Cohen)
Les contraires se croisent chez ce chorégraphe de paradoxes et vivant avertissement.
Conception et performance : Steven Cohen
Production : Cie Steven Cohen, Théâtre Vidy-Lausanne
Coproduction : Théâtre National de Bretagne, Rennes – Les Spectacles vivants, Centre Pompidou – Festival d’Automne à Paris – TAP Théâtre et Auditorium de Poitiers – Les Halles de Schaerbeek – Mousonturm Frankfurt – BIT Teatergarasjen
Avec le soutien de la DRAC Nouvelle-Aquitaine, de la Fondation d’entreprise Hermès et du Collectif FAIR-E/CCN de Rennes et de Bretagne
COMPAGNIE STEVEN COHEN
24 rue Succursale | 33000 Bordeaux | France
Samuel Mateu
Administrateur de production | +33(0)6.27.72.32.88
production[@]steven-cohen.com
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